Ce mercredi à Castel Gandolfo, Léon XIV a donné le coup d’envoi d’une conférence internationale visant à «susciter l’espoir d’une justice climatique». Dix ans après Laudato si’ et à quelques semaines de la COP30, le Pape invite «à en revenir au cœur, siège de la liberté» pour opérer une conversion écologique. Individus et communauté doivent faire pression sur les gouvernants, affirme Léon XIV, devant une trentaine de chefs religieux et plusieurs centaines d’acteurs politiques et associatifs.
Marie Duhamel – Cité du Vatican
Dix ans après la publication de Laudato si’, le Pape ne pouvait manquer de rendre hommage à son prédécesseur. Son encyclique a «grandement stimulé l’Église et de nombreuses personnes de bonne volonté». Elle fut le point de départ de discussions, de programmes scolaires ou universitaires, de tout type de projets ou de collaborations, sur tous les continents. Les diocèses et instituts religieux «se sont laissés inspirer» pour porter attention à la Maison commune et aux pauvres, mais ce texte a eu un impact à 360 degrés, a noté Léon XIV. Il s’est imposé jusque dans les «sommets internationaux», en touchant également les milieux économiques, œcuméniques, interreligieux jusqu’aux centres de recherche en théologie et en bioéthique. Son paradigme de l’écologie intégrale, ses appels insistants au dialogue et à l’unité de la famille humaine, pour affronter les causes des problèmes ont suscité «un vaste intérêt».

Le Pape lors de la rencontre de ce mercredi 1er octobre 2025.
«Que reste-t-il à faire ?»
Face à un parterre de responsables religieux, de politiques et d’activistes, Léon XIV a commencé par rendre grâce à Dieu pour «ce don et cet héritage du Pape François». Mais s’il faut faire mémoire «avec gratitude», il faut aussi aller de l’avant. Si Laudato si’ a mis en évidence des défis qui sont d’actualité «aujourd’hui, plus encore qu’il y a dix ans», «que reste-t-il à faire?», s’interroge Léon XIV.
Le Pape souhaite que soit évité un double écueil: entendre le cri de la terre et des pauvres ne peut apparaitre comme «une mode passagère» ou un «thème clivant». Laudato deum mettait déjà en évidence il y a deux ans combien certains minimisent le changement climatique, ridiculisent ceux qui parlent du réchauffement, ou pire, accusent les pauvres d’être coupables «de ce qu’ils subissent plus que les autres».
En revenir au cœur, pour agir
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Le Pape appelle à «en revenir au cœur», qui dans les Écritures, n’est pas «que le centre des sentiments et des émotions», mais «le siège de la liberté». Bien qu’il inclut la raison, il la transcende et la transforme, explique Léon XIV, en intégrant et influençant tous les aspects de la personne et ses liens fondamentaux. «Le cœur est le lieu où la réalité extérieure a le plus d’impact, où s’effectue la recherche la plus profonde, où se découvrent les désirs les plus authentiques, où se découvre l’identité profonde de chacun et où se précisent les décisions à prendre». Pour le Pape, seul un retour au cœur permet une véritable conversion écologique.
Le Souverain pontife propose de passer «de la collecte de données» à la protection effective, «des discours écologistes» à la transformation des modes de vie personnels et collectifs. Pour les croyants, souligne-t-il, «cette conversion n’est pas différente de celle qui nous conduit au Dieu vivant, car nous ne pouvons aimer le Dieu invisible en méprisant ses créatures». Il invite ainsi les responsables religieux présents au centre Mariopoli de Castel Gandolfo à «être porteurs de cette espérance qui naît de la reconnaissance de la présence de Dieu déjà à l’œuvre dans l’histoire», en grandissant comme saint François, «avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec nous-mêmes». En explorant ces dimensions, on peutfaire grandir l’espérance, «en mettant en œuvre l’approche interdisciplinaire de Laudato Si’ et l’appel à l’unité et à la collaboration qui en découle».
Appel à l’unité
Le Pape augustin appelle à l’unité autour de l’écologie intégrale et de la paix, car «nous sommes une seule famille», «nous habitons la même planète, dont nous devons prendre soin ensemble». Il se félicite de la diversité des organisations représentées à cette conférence, qui s’ouvre à Castel Gandolfo. Une conférence qui vise, a expliqué le Mouvement Laudato si’ ce mardi en Salle de presse, à relancer la mobilisation à quelques semaines de la COP30 de Belém afin d’y proposer un plan d’action, qui complèterait les propositions et dispositions gouvernementales.
Dans son discours, le Pape Léon XIV a d’ailleurs insisté sur le rôle des ong et associations. «La société doit faire pression sur les gouvernements pour qu’ils élaborent des réglementations, des procédures et des contrôles plus rigoureux». Les citoyens doivent se montrer vigilants, car sans eux «il est impossible de lutter contre les atteintes à l’environnement». De plus, poursuit-il, la législation municipale ne peut être que plus efficace si des accords entre populations voisines soutiennent les mêmes politiques. Le Pape souhaite que lors des prochains rendez-vous internationaux (COP30, Sommet sur l’eau, etc), les responsables entendent le cri de la terre, des pauvres, des autochtones, des «migrants involontaires»… Politiques et simples citoyens, en particulier les jeunes, sont invités à contribuer à cette mission, en «visant toujours et avec ténacité le bien commun».
“Il n’y a pas de place pour l’indifférence ni pour la résignation.”
Lors de cette rencontre le Pape a béni un bloc de glace vieux de 20 000 ans, prélevé dans le fjord Nuup Kangerlua, où il fondait dans l’océan après s’être détachée de la calotte glaciaire du Groenland.